D’importantes sources hydriques abandonnées à M’kira
Le site escarpé appelé communément Maâfa qui, de loin, fait face aux hameaux d’Ivouhamène dans la partie basse du côté ouest de la commune de M’kira doit la richesse de ses multiples plantations et autres maraîchages à la source d’eau portant le même nom qui renoue avec son généreux débit d’antan après avoir été affectée par la période de sécheresse des années 1980/1990, réduite à une simple fontaine, délaissée par la municipalité alors qu’elle accédait au statut de commune en 1985.
Mais depuis cinq ans, grâce à la forte pluviosité des derniers hivers, la source coule à flots et alimente un oued sis en contrebas. Quant à son exploitation, il faut remonter à l’ère coloniale durant les années 1950 au moment où on s’apprêtait à la construction de la cité de recasement de Tamdikt. Pour alimenter cette dernière, à entendre nos vieux, les Français ont choisi l’eau de cette source pour sa qualité et sa quantité propices.
D’après les récits des anciens, pour capter son eau, il a fallu creuser un forage profond mais vu la puissance de ce point d’eau, on a procédé à la réduction de sa pression à l’aide du mortier avant l’installation du réseau d’adduction. Ainsi, l’eau est refoulée au moyen d’une canalisation vers deux réservoirs. L’un est érigé au sommet de la colline arrosant le village Tamdikt sis à deux kilomètres et un autre à proximité de la source, les hameaux d’Ivouhamène.
A l’indépendance, l’alimentation des deux patelins s’est poursuivie jusqu’à la décennie 80 puis la sécheresse s’est installée. La source se transforma en un simple puits. Pour puiser de son eau, les habitants étaient contraints d’investir les lieux. Mais depuis 5 ans, la source retrouve sa générosité d’antan et les autorités n’ont pas jugé utile de l’entretenir pour soulager ne serait-ce que les villages et hameaux voisins. Par ailleurs, les citoyens d’Ivouhamène ont dû recourir à une quête pour réparer l’ancienne conduite desservant leur village. Ce dernier est arrosé quotidiennement.
Il était question même d’emballer l’eau de Maâfa à l’image de Lalla Khedidja, si l’on croit un des habitants. Une autre richesse fait l’objet de délaissement par les responsables et les services concernés après son débordement en 2003 à cause de l’envasement, il s’agit d’un petit barrage alimenté par les eaux de pluie et celles des petits ruisseaux. Il a fait pendant longtemps le bonheur des éleveurs et des agriculteurs locaux, il servait d’abreuvoir et pour l’irrigation.
“La réhabilitation de cette retenue d’eau s’impose. On se plaint d’un manque et on néglige le peu qui existe. C’est absurde !” s’indigne un paysan. Enfin, c’est une autre source qui a servi dans le temps comme station thermale au village El- Hammam qui baigne dans la même situation. “On venait là pour implorer les anges. Lorsque la source dégage des bulles, cela est un bon signe. Si elle reste calme, le fait n’augure rien de bon.
Son exploitation pourrait également arroser la population riveraine en plus de son côté touristique si on met les moyens nécessaires”, raconte un villageois. Les pouvoirs publics doivent se pencher sur ces cas sachant que les ressources en eau ¬diminuent. Leur protection représente un enjeu important car les activités humaines et la vie naturelle en sont dépendantes.
A. S. Wahmed