Ferhat Madani ou les oubliés de l’art
Ayant chanté plusieurs années durant à la gloire de l’Algérie, Ferhat Madani ne sait pas quelle voie, de recours entreprendre afin que ses “immortelles” chansons soient rediffusées sur les ondes de la Radio nationale.
Il est parmi les précurseurs de la chanson kabyle. Il a chanté plus d’une centaine de titres dont la majorité sont dédiées à nos valeureux martyrs de la Révolution de 1954, Ferhat Madani se sent exclu des ondes. Dans un document émanant de la Direction des archives et de la médiathèque, les titres des 124 chansons de Ferhat Madani sont inscrites, mais sans pour autant trouver une oreille auditrice.
Du haut de ces 78 ans Ferhat Madani, aveugle de surcroît, “revendique un minimum de considération à mon égard”. “J’ai commencé ma carrière depuis le début des années 50″, insiste-t-il. Tout en assurant qu’il a travaillé avec des référents de la chanson kabyle, comme cheikh Nourredine, Djamila, Hnifa, Anissa, Said El-Khoubrini, El-Ankis et tant d’autres illustres figures du chant kabyle des années, Ferhat Madani n’a été pas de mainmorte pour fustiger ceux qu’il appelle “les fossoyeurs du patrimoine musical”.
Il s’insurge contre “le mépris affiché” par les autorités en charge du patrimoine musical, notamment à la Chaîne II de la Radio nationale. “Je veux que mes chansons soient diffusées afin que l’ONDA me verse de l’argent”, a-t-il clamé, avant d’ajouter que “ces organismes m’ont versé quelques miettes il y a de cela presque dix ans”. Se considérant comme les autres artistes oubliés ou relégués à un deuxième plan, Ferhat Madani veut enregistrer de nouvelles chansons.
“Oui ! je peux encore chanter, la force et l’abnégation des mes trente ans sont intactes”, tonne-t-il. “Pourquoi suis-je exclu des ondes de la radio ?”, à cette question, nul ne peut répondre en dehors des chargés de cette mission.
Le grand leurre et la supercherie réside dans cette volonté tendant à effacer des pans entiers de notre patrimoine artistique, celui qui a fait les années bénies de la chanson kabyle.
Mohamed Mouloudj