DÉGRADATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF A BEJAIA : Les enseignants de tamazight durcissent le ton
L’une après l’autre, les rentrées scolaires, dans la wilaya de Béjaïa, se suivent et se ressemblent pour les enseignants de tamazight avec le même lot de revendications lié notamment à leur statut et à leurs dures conditions de travail qui ne cessent de se dégrader.
En effet, douze années après la décision historique d’intégrer l’enseignement de tamazight dans le système éducatif national, arrachée après plusieurs décennies de lutte et de lourds sacrifices consentis par plusieurs générations de militants de la cause amazigh, rien n’est visiblement encore réglé pour cette langue qui demeure toujours le parent pauvre du système éducatif national.
Les engagements du département de Benbouzid en faveur de la promotion de tamazight sont encore une fois démentis par les faits sur le terrain, comme en témoignent les protestations quotidiennes des enseignants eux-mêmes. Cette année encore, c’est la même galère pour les enseignants de tamazight qui viennent de monter au créneau pour dénoncer “le non-respect des engagements” de la tutelle à satisfaire leurs revendications.
Dans une déclaration, rendue publique au terme du séminaire organisé les 24 et 25 octobre dernier par le Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight, l’Association des enseignants de tamazight de Béjaïa constate amèrement “l’absence de volonté à résoudre les problèmes soulevés” par les enseignants. “Sinon, comment expliquer qu’un mois après notre rencontre avec la directrice de l’éducation, aucun point n’est réglé.
Les solutions et les recommandations, inscrites dans un PV d’audience, ont été tout simplement ignorées”, affirment les enseignants de tamazight dans leur document. Sur le registre du recrutement des enseignants de la langue tamazight, la même association note que depuis l’introduction de l’enseignement de tamazight, le problème de la carte scolaire et des postes budgétaires “s’accentue d’année en année”.
Les protestataires révèlent encore dans leur document “une anarchie et un laisser-aller total” observé au sein du service de l’organisation pédagogique. Pour étayer ses affirmations, ladite association souligne que des écoles de 4 divisions bénéficient de 2 postes budgétaires alors qu’un autre établissement, composé de 14 divisions, et distant d’à peine 300 m, ne fonctionne qu’avec 2 postes budgétaires dans cette langue.
L’Association des enseignants de la langue tamazight ne compte, cependant, pas baisser les bras pour se “faire entendre” et menace de recourir à des actions d’envergure à la rentrée des vacances d’automne. Dans le même document, les enseignants de Béjaïa ont tenu à apporter leur solidarité agissante à leurs collègues de la wilaya de Bouira en grève de la faim à partir de ce samedi tout en affichant leur disponibilité à prendre part à toute action d’envergure nationale pour le règlement définitif des “problèmes vécus et subis par les enseignants de tamazight depuis douze ans”, lit-on dans la déclaration.
A. Kersani